Mon travail,  depuis quelques années s’articule dans deux directions, celle du végétal, de la souche, des racines d'un coté, et celle des robes prétexte aux métamorphoses.
Dans cette galerie de racines la poésie des échoués nourrit mon inspiration, ces reliques végétales rejetées par l’océan ou laissées en forêt, j’y trouve tout un vocabulaire insolite qui garde sa propre mémoire fossilisée dans des arabesques improbables. Des vestiges qui deviennent mes objets de contemplation, ils me racontent une histoire, celle du temps qu’ils ont traversé.

Cette exploration est aussi une réflexion qui me permet d’emmener ma peinture vers un jeu subjectif entre abstraction et figuration, en recherchant parfois un espace de métaphore anatomique.

Pour ces racines, paysage et autres fragments, je m’inspire de l’énergie tellurique et vivante d’un morceau d’écorce, d’une souche, d’un tronc aride, ces choses belles et étranges, à la fois banales et rares, apparemment inertes et presque fossilisées et pourtant toujours en mouvement. Elles évoquent les prémices des possibles et ses mystères entre ce qui a été et ce qui va advenir. Tout est en supposition et en interprétation.
 

" Si, comme le dit Gaston Bachelard, « la poésie est une âme inaugurant une forme », tout nœud séculaire du tronc, constitue à la fois la trace du temps ineffaçable, inhérent à lui, la cicatrice d’un corps, chargé du poids de la mémoire et de l’émotion. Tout aboutissement de son propre rhizome devient la substance accueillant à la lumière, et connecte indissolublement la terre-matrice au ciel-récepteur, la matière à l’esprit, le passé à l’avenir, les ténèbres à la lumière. Enfin, la mort à la vie.
Sans aucun doute, les troncs-corps d’Isabelle Vialle surgissent à la surface comme une cosmogonie, en énonçant des paroles enracinées, dans un espace-temps universel "où rien n’est tout à fait mort, [mais où] tout sens aura son retour festif". Dans celui des champs des oliviers éternels. " D. Chanoumidou Curatrice IFT Thessalonique